Historique de la Haute Bléone

La haute Bléone comprenait autre fois trois communes, PRADS, MARIAUD et BLEGIERS, qui ont aujourd'hui fusionnées pour former la commune de PRADS HAUTE BLEONE . La population des trois communes réunies est de 147 habitants, contre 850 au recensement de 1891 .
PRADS village coquet et propre, comme l'a écrit l'abbé FERAUD, est le centre de la commune , bâti sur la rive droite de la Bléone au sommet des champs qui descendent en pente douce vers cette dernière . La situation même de ce village lui a donné son nom, l'étymologie provenant du latin Pratum, en provençal PRADS . La Vallée de BARCELONNETTE, ainsi que le canton d 'ALLOS ont appartenu au conté de SAVOIE, de 1380 à 1713 . C'est ainsi que durant cette période, PRADS fut ville frontière, ce qui lui donna une importance qui est attestée par le fait que ce petit pays a eu le droit de porter le nom de ville .
On trouvait alors à PRADS, un juge royal, un notaire, curé et vicaire ainsi qu'un représentant des fermiers généraux et quelques gabelous .
Rien ne rappelle aujourd'hui que PRADS se trouvait jadis sur la frontière, ni bâtiments, ni fortifications ni vestiges . Cela provient du fait que les crêtes qui servaient de limites entre la Provence et la Savoie, étaient très difficile d'accès, et que les rares passages ne servaient qu'aux échanges locaux . Néanmoins les populations des deux vallées avaient de nombreux contacts et les foires de PRADS, qui à l'époque, étaient renommées voyaient une importante participation venue du Val d'ALLOS . Toutefois cela n'était possible que pour celles de la belle saison .
Mais dès la neige partie, de nombreux convois de mulets empruntaient le chemin du col de MOURRE GROS . Au fil des siècles, des échanges amicaux s'établirent et beaucoup de mariages eurent lieu unissant des familles du VERDON, du LAVERQ à celles de la HAUTE BLEONE .
On peut penser aussi que des paroissiens des deux vallées s'adonnèrent à la contrebande faisant courir les gabelous, sur les pentes abruptes de CADUN ou des EAUX GROSSES .
La population de la HAUTE BLEONE a cessé sa progression dans le premier tiers du 14ème siècle, au cours de la première partie de référence, PRADS était en tête de la progression concernant la natalité dans les préalpes de DIGNE .
Mais dès la deuxième restauration, le mouvement ascendant va s'inverser à partir d'un fait nouveau qui va bouleverser l'implantation humaine en moyenne montagne . En effet la coordination des classes les plus défavorisées des villes s'améliorent, il n'en faut pas plus pour attirer la jeunesse montagnarde qui, cinq mois de l'année, partagent la vie des citadins . Car depuis longtemps déjà l'arrivée de l'automne filles et garçons et même chefs de familles gagnaient la base Provence pour, en ce qui concerne les filles, se placer dans les maisons bourgeoises . Les garçons se louaient pour gouverner les ovins dans les mas, ou bien encore pour participer à la taille des arbres ou de la vigne, dans la vallée du GAPEAU .
A partir du milieu du 14ème siècle, lorsqu'ils descendait dix habitants de la vallée, il n'en remontait que six ou sept, ce phénomène était certainement lié aussi à la forte natalité de la période précédente . Des familles nombreuses éclataient à mesure que les enfants pouvaient voler de leur propres ailes, seul, l'aîné pouvant rester sur l'exploitation, le peu d'importance de ces dernières excluant le partage .
Comme dans la plupart des vallées de montagne, qui six mois de l'année, semblaient être coupées du monde, la HAUTE BLEONE vivait en cercle fermé; pratiquant une politique autarcique en ce qui concerne l'économie qui était réduite à un minimum d'échanges, exportant du bétail, du gibier, important quelques produits manufacturés indispensables à la vie courante . Le relief des hautes vallées n'a jamais été un champ très attrayant ouvert à l'activité humaine .
Cependant les statistiques, qui nous sont parvenues s'agissant notamment du 17ème siècle nous permettent de dire qu'il y a eu en Haute BLEONE, comme ailleurs, des excédents de grains et de fortes densités de bétail par habitant .
Si les grains noble se trouvaient en minorité, avoine et seigle étaient en quantité suffisante pour qu'une partie des récoltes soit exportées Le méteil mélange de seigle et de froment restant attaché à la consommation domestique . Tout cela est attesté par la présence de nombreux moulins dans la vallée . Il y a quelques décennies on disait encore que la Commune de PRADS était riche de bois et de pâturages et cela était vrai, c'est encore vrai aujourd'hui en ce qui concerne le bois, ça l'est un peu moins pour les pâturages .
On notera que si le bois d'œuvre était abondant dans la région, le bois de chauffage ne devait pas manquer, puisque contrairement à d'autres vallées alpestres on ne trouvait pas ici de vie hivernale à l'écurie .
Concernant la présence de vignes dans la vallée, mademoiselle SCLAFERT, qui s'est penchée sur l'économie du moyen âge dans les préalpes, nous dit que PRADS, BARLES et COLMARS, en possédait sans préciser s'il y avait production .
Au milieu du 18ème siècle, PRADS comptait 631 ovins, par tête d'habitant, ainsi que 40 caprins ce qui était la plus forte densité des préalpes du SUD . Dans la même période, MARIAUD était pourvu de 26 bœufs et de 22 bourriques, PRADS de 48 bœufs, 2 chevaux, 3 mulets et 40 ânes .

Source : Texte de Jacques TEISSIER
à DIGNE LES BAINS .